France et Paraguay : 170 ans de relations diplomatiques

Bref historique de la relation franco-paraguayenne

Les relations diplomatiques entre les deux pays ont débuté lors de la signature du traité de reconnaissance de l’indépendance nationale signé par Francisco Solano López et Luis de Saint Georges en 1853.

Après la visite d'Etat du Général de Gaulle à Asunción en octobre 1964, qui a renforcée significativement les relations bilatérales entre la France et le Paraguay, celles-ci ont été relancées avec la venue à Paris en avril 1994 du président Wasmosy (première visite d’un chef d’État paraguayen en France, renouvelée en décembre 1995). Le président de la République  Jacques Chirac s’est ensuite rendu à Asunción en mars 1997 et le président Duarte Frutos a effectué un déplacement en France en 2006. 

Maréchal Francisco Solano López, Chef suprême héréditaire du Paraguay 1862-1870 

Napoléon III, Empereur des Français 1852-1870

170 ans de relations bilatérales entre la France et le Paraguay

La relation franco-paraguayenne a des racines historiques profondes et est l'héritière de liens culturels, scientifiques et éducatifs forts. Les relations diplomatiques entre les deux pays ont débuté lorsque le chevalier Léonce de Saint-Georges, envoyé spécial de l’empereur Napoléon III, a signé en février 1853, le Traité de Reconnaissance de l’Indépendance nationale avec le Maréchal Francisco Solano López, Chef suprême héréditaire du Paraguay.


Depuis, la coopération entre nos deux pays n’a jamais tari dans les domaines les plus variés et qui révèlent toujours un grand potentiel de développement.


Si nous célébrons une histoire commune, à l'occasion de ces 170 ans de relations diplomatiques entre nos deux pays, nous célébrons aussi des valeurs partagées, comme la défense de la démocratie et des libertés. A l'image du soutien apporté par les Français du Paraguay à la France Libre lors de la Seconde Guerre Mondiale, qui ont été les premiers au combat pour la France Libre et le soutien au Général de Gaulle à Londres, comme l'atteste le télégramme adressé par la société française de Secours Mutuel à Asunción au Comité de la France Libre à Londres le 22 juin 1940, 4 jours après l'Appel du 18 juin.


Après les visites d’État du Général de Gaulle en 1964 et de Jacques Chirac en 1997, ces relations sont entrées depuis 2015 dans une nouvelle phase avec la mise en place des Réunions de Consultations Bilatérales, qui constituent un cadre de rencontres régulières pour l'approfondissement et le suivi des activités développées dans divers domaines d'intérêt commun aux deux parties. Ces réunions se tiennent tous les deux ans, la dernière, c'est-à-dire la quatrième édition, a eu lieu le 8 juin 2021.


Dans le cadre de ces échanges fructueux, le Paraguay et la France intègrent et suivent des actions concrètes liées à la construction d'installations hospitalières, à la formation de médecins, à l'archéologie préventive et militaire, à la restauration du patrimoine, au commerce et aux investissements, aux échanges d'étudiants et au suivi du programme multilatéral, entre autres.


Ainsi, la coopération entre les deux pays couvre des aspects des domaines politique, économique, commercial, culturel, scientifique, sanitaire, éducatif et technique, qui présentent tous un grand potentiel de développement.

Dans le cadre de la longue histoire des relations bilatérales, il est également important de souligner que les citoyens français ont laissé d'importantes contributions dans les domaines de l'éducation, de la formation militaire, de diverses activités industrielles et commerciales, de la colonisation des terres ; ainsi qu'en botanique, géographie, musique, médecine, ingénierie, aviation, ethnologie, architecture, etc. 

Drapeau de la France Libre (1940-1944), dont les Français du Paraguay ont été les premiers soutiens
Premier jour paraguayen rendant hommage à la venue du général de Gaulle, le 6 octobre 1964 (collection particulière) 
Extrait du discours du général de Gaulle, prononcé en  espagnol le 6 octobre 1964, dans le lequel il déclara : "depuis toujours et pour toujours, deux nations amies!"

Visite d’État du Général de Gaulle les 6 et 7 octobre 1964

Du 21 septembre au 16 octobre 1964, le général de Gaulle accomplit un voyage qui le conduit dans les dix États du continent sud-américain. Au cours du voyage, il prononce des discours en français et en espagnol, dans lesquels il encourage le développement des liens d'amitié et de coopération entre la France et l'Amérique du Sud, en indiquant notamment que nous devions Français et Sud-Américains, marcher "la mano en la mano". 

Le 6 octobre 1964, le général de Gaulle arrive au Paraguay, 8ème étape de son voyage en Amérique du Sud, où il restera deux jours. Le général Stroessner, devenu Président du Paraguay en 1954, accueille le général de Gaulle, premier chef d'État non limitrophe à se rendre en visite officielle dans le pays depuis sa prise de pouvoir. Il s'agit d'une étape significative dans les relations entre la France et le Paraguay et l'amitié entre nos deux peuples. Le général s'adresse au peuple paraguayen, dans un discours prononcé en espagnol : « Paraguayens : Le Paraguay, comme la France, a traversé de nombreuses épreuves et, comme elle, a pu vivre grâce au patriotisme de ses enfants. Le Paraguay, comme la France, avance aujourd'hui vers son destin dans le progrès et la paix. Le Paraguay et la France sont, depuis toujours et pour toujours, deux nations amies. Vive le Paraguay ! » Le contact du président français avec la population est, selon l'ambassadeur français, « exceptionnellement exubérant, joyeux et bon enfant ». 

La visite du Général De Gaulle au Paraguay, il y a 59 ans aujourd'hui, est l'un des faits les plus marquants de nos relations diplomatiques et reste dans la mémoire collective. Ce fut un jour de fête et d'amitié entre la France et le Paraguay .

VIDEO actualités Pathé sur la visite du Général de Gaulle au Paraguay
Le Général de Gaulle et le Général Stroessner, Asuncion, Paraguay 6-7 Octobre 1964 
Fanion paraguayen daté du 6 octobre 1964 (Centre des archives diplomatiques de Nantes, poste de l’Assomption, 47PO/1/103)
Livre de Pedro Gamarra Doldán consacré au 50ème anniversaire de la visite du Général de Gaulle au Paraguay publié en 2014, Editions Servilibro 

Visite d’État de Jacques Chirac en 1997 et visite officielle du Président Duarte Frutos en France en 2006

Lors de son voyage en Amérique latine du 11 au 18 mars 1997, Jacques Chirac, Président de la République française, a effectué une visite d'Etat au Paraguay le 16 mars 1997. Cette visite a été l'occasion de discussions avec Juan Carlos Wasmosy, Président du Paraguay, sur les relations politiques et culturelles entre la France et le Paraguay et le développement des relations entre l'Union européenne et l'Amérique latine et le MERCOSUR. Les deux chefs d'Etat ont également conclu un accord sur la suppression des visas pour les Paraguayens qui se rendent en France et un accord d'extradition et d'entraide judiciaire en matière pénale. En outre, Jacques Chirac a fait part de 23 millions de francs de dons  de la France au Paraguay. Un premier don de 13 millions qui va permettre à Asuncion de faire appel à la Compagnie Nationale du Rhône pour mettre en place un système de régulation des eaux du fleuve Paraguay, dans le cadre du projet Hydrovia (aménagement de 3.500 km de voies navigables de l'Amazone au Rio de la Plata). Le deuxième don, d'une valeur de 10 millions, est lié à un contrat de guidage aéronautique pour l'aéroport d'Asuncion.

9 ans après ce voyage, le président du Paraguay Duarte Frutos a effectué un déplacement en France en 2006, où il a été accueilli à l'Elysée par Jacques Chirac, Président de la République.

Jacques Chirac, Président de la République française, et Juan Carlos Wasmosy, Président du Paraguay, en 1997 
Jacques Chirac, Président de la République française, et Duarte Frutos, Président du Paraguay, en 2006

Ces deux chefs d'Etat, Jacques Chirac et le Général de Gaulle, sont les seuls présidents de la république française à avoir effectué une visite d'Etat au Paraguay en 170 ans de relations diplomatiques entre les deux pays. 

Allocution de M. Jacques Chirac, Président de la République, sur les relations entre la France et la Paraguay et la coopération entre l'Europe et le MERCOSUR, à Assomption le 16 mars 1997

Mes chers compatriotes,
- Chers invités du Paraguay,
- Permettez-moi de vous dire ma joie de vous rencontrer ici et permettez-moi de saluer amicalement mon ami, Juan Carlos Wasmozy, le Président de la République du Paraguay.
- Je dis, mon ami, pour deux raisons. D'abord, parce que nous nous sommes rencontrés plusieurs fois, et ensuite, parce que dès notre premier contact, j'ai éprouvé, pour lui, un sentiment intime et d'amitié réelle en raison de ce qu'il incarnait : un pays qui a retrouvé la démocratie et qu'il enracine, un pays qui a décidé de développer de façon moderne son économie, sous son impulsion et qui réussit, et un Président, un homme avec lequel je me suis toujours trouvé en parfaite harmonie de pensée pour tout ce qui touche notre vision, à la fois de nos pays, du monde et surtout de l'homme, d'un certain humanisme.
- Monsieur le Président, mon cher Juan Carlos, merci de nous avoir fait l'honneur de venir à cette réception. Ce n'est pas l'usage habituel. C'est un geste d'ami. C'est ainsi que je le prends et que nous le prenons tous. C'est aussi le sentiment d'être chez des amis que j'ai depuis mon arrivée hier soir.
- Les personnalités, les autorités que j'ai pu rencontrer, et aussi, les contacts que j'ai pu avoir, et notamment, simplement, le regard sur les hommes, sur les femmes, sur les enfants qui étaient présents, nombreux, au Panthéon lorsque je suis allé rendre hommage au père fondateur du pays, avaient quelque chose de spontané, quelque chose qui faisait plaisir, qui faisait sourire de bonheur. Je me suis dit que, probablement, après les années noires de la dictature et la croûte qu'elle pose sur une société lorsque la croûte a explosé, alors le soleil, dans le coeur des hommes, brille d'autant plus fort. Et mon sentiment, celui avec lequel je repartirai ce soir, est que le soleil qui brille dans le coeur des habitants du Paraguay est un soleil fort qui permet d'envisager l'avenir avec optimiste.
Nous avons naturellement discuté de nos affaires. Nous avons envisagé les conséquences de l'intégration régionale qui marquent le monde d'aujourd'hui depuis l'ALENA jusqu'au MERCOSUR, en passant par l'Union européenne ou l'ASEAN, c'est un phénomène mondial. Nous avons constaté que l'intérêt, à la fois du MERCOSUR et de l'Europe, était de renforcer considérablement notre partenariat. L'Europe est déjà le premier client, le premier fournisseur, le premier investisseur, le premier donneur d'aides au développement, et de loin, à l'Amérique latine. Et puis, surtout, nous avons des racines identiques, des racines latines et cela forme un socle solide sur lequel nous pouvons construire l'avenir. Nous avons évoqué nos relations bilatérales, insuffisantes, mais qui ne demandent qu'à se développer.
- Je voudrais saluer tout particulièrement celles et ceux qui, Français, ont fait le choix du Paraguay et participent à son développement. Je voudrais saluer les hommes d'affaires français, chefs de petites, moyennes ou de grandes entreprises qui ont bien voulu m'accompagner pour leur dire, à leur tour, qu'ils seraient bien inspirés de faire et de faire faire par les entrepreneurs français le choix d'un Paraguay, d'un Paraguay moderne, dynamique, démocrate et qui aura toute sa place dans le MERCOSUR et le monde de demain.
C'est la même conclusion dans le rapport avec les parlementaires, que les parlementaires français qui ont bien voulu m'accompagner aussi, c'est la même conclusion qu'ils ont tirée de leurs contacts. Je voulais dire, simplement ici, combien j'étais confiant dans l'avenir de nos relations et je suis content que cette impulsion nouvelle, - est-ce que je peux dire ces retrouvailles -, ait lieu au moment où le Président Wasmozy imprime sa marque sur ce pays.
- Vous savez, cher Juan Carlos, les Français sont depuis longtemps dans votre pays, et pourtant, ils n'ont jamais oublié leur pays. Un de mes compatriotes, M. Barral m'a remis récemment, à l'occasion de mon passage, un fac-similé d'un télégramme adressé le 22 juin 1940 de la part de la société de Secours Mutuel, la société française de Secours Mutuel, au comité de la France Libre à Londres, pour apporter l'appui des Français du Paraguay. Ils ont été les premiers au combat pour la France Libre et au Général de Gaulle.
- C'est un témoignage mais c'est aussi un symbole d'une certaine façon. C'est tout de même un symbole fort qui marque entre le Paraguay et la France même si nous avons été longtemps éloignés du fait des circonstances, il y avait quelque chose de spontané et de naturel dans le domaine du lien affectif.
- Quand le Général de Gaulle a fait, ici, son voyage de 1964, un voyage historique, je ne me souviens plus à quel endroit il a dit - lui qui ne parlait pas un mot d'espagnol - il a voulu faire une phrase en espagnol, il a dit que nous devions Français et Sud-Américains, marcher "la mano en la mano". Eh bien c'était, comme tout ce qu'a toujours fait le Général de Gaulle, quelque chose de visionnaire car nous arrivons aujourd'hui à l'époque où il est évident que l'Europe et l'Amérique latine doivent marcher la main dans la main.
- Quand je vois aujourd'hui nos collègues, chefs d'Etat, je pense beaucoup au Général de Gaulle, car on voit depuis 1989, ici, se lever une génération d'hommes politiques modernes, démocrates, tolérants, ouverts sur l'extérieur qui rejettent toutes les philosophies, toutes les réactions d'intolérance, qui conduisent toujours au pire les pays qui s'y donnent. Un peu partout, il reste ces ferments, les ferments de l'intolérance, en France comme ailleurs, qui donnent de l'homme une si mauvaise image et qui font courir au pays tant de dangers.
- Je suis heureux de voir qu'ici, dans cette Amérique latine, porteuse du charme, de la musique, de la culture, c'est quelque chose qui semble s'effacer définitivement. Cher Juan Carlos, vous êtes le symbole de cette modernité, de cette compétence, de cette ouverture d'esprit, de cette modernité et c'est pour cela que j'ai toute confiance dans l'avenir du Paraguay et dans celui de nos relations.
- Je vous remercie.
Je vais, avant de donner la parole au Président du Paraguay, faire quelque chose qui, pour moi, est très émouvant. Je vais remettre les insignes de Chevalier de la Légion d'Honneur à M. Roa Bastos.
- Je ne ferai pas l'injure à M. Roa Bastos et à ceux qui nous écoutent, de rappeler ses titres et ses mérites. Je dirai simplement que c'est un homme qui a mis son coeur, son intelligence, une grande sensibilité au service d'une certaine idée de l'homme, du Paraguay, de la France et qui a apporté beaucoup à notre culture nationale. J'ai, comme tout le monde en France, une infinie estime, un très grand respect pour ses qualités.
- Je me suis trouvé confronté à un problème, c'est que M. Roa Bastos est double national, ce qui veut dire qu'il est Français aussi, et étant Français, je ne peux pas lui remettre la Légion d'Honneur au grade qu'il mériterait, je suis obligé de lui donner la Croix de Chevalier, alors qu'il mériterait, sans aucun doute, la Plaque de Grand Croix de la Légion d'Honneur. Mais la loi ne me permet pas, je ne peux tout de même pas regretter qu'il soit Français, je sais qu'il est au-dessus de tout cela, et qu'au fond pour lui, c'est simplement un geste de reconnaissance, d'admiration et d'amitié, remise dans son pays, par son pays d'adoption.
- Alors, Cher Maître, je vais vous remettre maintenant cette Croix de Chevalier. Juridiquement, je vous remets la Croix de Chevalier mais, par le cœur, je vous remets la Plaque de Grand Croix de la Légion d'Honneur.